SOPHIE WILMES
Sophie Wilmès a été "nommée Première ministre" ; cette libérale francophone de 44 ans devient la première femme à occuper ce poste en Belgique. Elle succède à Charles Michel, qui doit prendre le 1er décembre la présidence du Conseil européen.
Désignée par un comité ministériel restreint, Sophie Wilmès se retrouve à la tête d’une équipe sans majorité au Parlement. La Belgique n’a plus de gouvernement de plein exercice depuis décembre 2018, et les négociations pour former une nouvelle coalition piétinent depuis les élections législatives du 26 mai.
Née en janvier 1975, ancienne élève de l’Institut des hautes études des communications sociales (IHECS), Sophie Wilmès a fait ses débuts en politique comme conseillère communale à Uccle (sud de Bruxelles) en 2000. Son fief électoral a ensuite été Rhode-Saint-Genèse, commune cossue située au sud de la capitale.
Considérée comme une proche de Charles Michel, qui appartient comme elle au Mouvement réformateur (MR), elle est devenue députée en 2014 avant d’entrer au gouvernement fédéral en septembre 2015. Elle va être remplacée au poste de ministre du Budget et de la Fonction publique par un député MR, David Clarinval.
Elle est, depuis, ministre des affaires étrangères dans la nouvelle coalition dirigée par Alexander De Croo, qui lui a succédé au poste de premier ministre le 1er octobre 2020.
SOPHIE WILMÈS EN BELGIQUE, CLAUDIA LOPEZ À BOGOTA
Deux femmes viennent de prendre des responsabilités politiques importantes. Ce sont des événements. La banalisation des femmes de pouvoir est encore très loin.
Il y a quelques semaines, Claudia Lopez, qui vient d’être élue maire de Bogota, capitale de Colombie, déplorait le fait que la victoire d’une femme soit « une nouvelle alors que cela ne l’est pas dans de nombreux pays du monde »…. Une déclaration quelque peu optimiste : placer une femme à un poste clé de la politique d’un pays reste un événement un peu partout dans le monde.
A peu près au même moment, Sophie Wilmès est devenue Première ministre en Belgique et le fait que ce soit une femme a été présenté comme un événement dans la presse. C’est la toute première fois qu’une femme va occuper le 16, rue de la loi à Bruxelles. Même si elle est seulement ministre par intérim puisque Charles Michel, qui doit prendre la présidence du Conseil européen, a souhaité quitter ses fonctions. Mais les titres sur la « première femme à diriger la Belgique » vont bon train. Certains organes de presse ne citant même pas son nom dans leur titre, comme BFM TV qui indique seulement : « Belgique: une femme de 44 ans choisie comme Première ministre par intérim.» Pire : certains portraits dressés de la nouvelle Première ministre sont infantilisants comme ce long article du Figaro Madame qui appelle très vite la ministre par son prénom et insiste sur sa timidité, son effacement. L’article donne l’impression que Sophie Wilmès n’a pas la carrure d’une femme de pouvoir et qu’elle serait Première ministre, non seulement par intérim mais aussi par inadvertance. Elle a pourtant un parcours politique qui rend sa nomination légitime. Cette libérale francophone entrée en politique à 25 ans, était jusqu’ici ministre du budget. Autre élément qui ne va pas dans le sens de la banalisation des femmes au pouvoir : comme souvent, lorsqu’une femme accède à un tel poste, c’est parce que les hommes ne se sont pas beaucoup battus pour l’avoir. Le gouvernement Belge était en situation de blocage depuis les élections de mai dernier car les partis supposés former une coalition ne parvenaient pas à s’entendre. Et beaucoup d’hommes politiques importants sur la scène nationale Belge préfèrent abandonner leurs mandats et prendre des responsabilités en Europe.
Isabelle Germain 28 octobre 2019 Les Nouvelles News