Véronique Trillet-Lenoir
Après avoir été interne des hôpitaux de Lyon de 1981 à 1986, elle est assistante chef de clinique puis praticien hospitalier dans le service de pneumologie de l’hôpital cardiovasculaire et pneumologique Louis-Pradel, à Lyon, jusqu’en 1993. Nommée en 1993 professeur à l’université Lyon-I et praticien hospitalier au centre hospitalo-universitaire de Lyon, elle crée en 2003 le service d’oncologie médicale du groupement hospitalier sud , dont elle est nommée chef de service.
À partir de 2012, elle est présidente des rencontres de la cancérologie française et, à partir de 2013, présidente du directoire du Cancéropôle Lyon Auvergne-Rhône-Alpes (CLARA). Elle siège également au conseil d'administration de l'Institut national du cancer Elle devient professeur associé de la faculté de médecine de l’université Jiao-tong de Shanghai en 2018. Elle se rendait déjà dans cette université depuis 2011, ayant contribué à la mise en place du premier programme de master en cancérologie.
Véronique Trillet-Lenoir est élue conseillère régionale d'Auvergne-Rhône-Alpes sur la liste socialiste aux élections régionales de 2015. Soutien d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle de 2017, elle rejoint En marche et le groupe politique « La Région en marche » au conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes. Le , elle est élue députée européenne sur la liste de la majorité présidentielle. Entrée en fonction le , elle adhère au groupe Renew Europe et siège comme titulaire dans la commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire.
(d'après Wikipedia)
6 février 2020 - Véronique Trillet-Lenoir, Députée européenne, Professeur des Universités-Praticien Hospitalier en Cancérologie et co-présidente des eurodéputés contre le cancer, répond à nos questions à l'occasion de la journée mondiale contre le cancer
À l’occasion de la journée mondiale contre le cancer, la députée Renaissance et cancérologue Véronique Trillet-Lenoir a ouvert la réunion de lancement des consultations pour un Plan Cancer Européen. Inclus dans le programme de travail de la Commission européenne, ce Plan proposera une stratégie globale pour promouvoir et améliorer la prévention, la recherche, l’accès aux traitements et l’inclusion sociale des personnes atteintes de cancer.
Lors de cette événement, Véronique Trillet-Lenoir a accueilli au nom du groupe des eurodéputés contre le cancer la Présidente de la Commission Ursula von der Leyen et la Commissaire à la Santé Stella Kyriakides au Parlement européen, pour sonner la mobilisation générale contre cette maladie qui continue de tuer près d'un million et demi de personnes dans l'Union européenne chaque année.
- Cette semaine, vous avez participé aux discussions pour bâtir le « Plan cancer européen », en présence notamment de la Présidente de la Commission, Ursula Von Der Leyen. De quoi s’agit-il ?
La Présidente de la Commission européenne a fait connaître dès le début de son mandat sa volonté d’organiser la lutte contre le cancer à l’échelle européenne.
Le 4 février 2020, elle a choisi le Parlement européen, lieu de la représentation citoyenne. J’ai eu l’honneur de représenter le groupe Renew et la délégation Renaissance au cours de ce bel événement.
Conformément au fonctionnement des institutions européennes, le Parlement et la Commission établiront une proposition d’actions, qui seront intégrées dans un Plan soumis à l’approbation des trois parties prenantes du « trilogue » : Parlement, Commission et Conseil de l’Union Européenne (représentation des gouvernements). À mon avis, l’accord se fera sans trop de difficulté sur les grandes priorités, car le cancer n’est ni de droite ni de gauche. L’incertitude demeure néanmoins sur les niveaux de financement prévus
.- En quoi l’échelle européenne peut-elle améliorer concrètement la prévention, le diagnostic et le traitement de cette maladie ?
Il faut rappeler en effet que les relations entre l’Union européenne et ses 27 états membres sont gouvernés par le principe de subsidiarité : l’Union a autorité sur les sujets de santé face auxquels les états membres ne peuvent faire face isolément.
C’est typiquement le cas de la prévention qui pourrait permettre d’éviter 40 % des cancers : par exemple la pollution atmosphérique, qui contribue aux cancers du poumon, ne peut être contenue aux frontières ; la libre circulation des marchandises expose à des problèmes de sécurité alimentaire, et on sait combien les habitudes alimentaires comptent dans l’apparition des cancers, en particulier du colon.
Le Green Deal européen organise la lutte contre les cancérigènes environnementaux et alimentaires et représente une première avancée dans prévention des cancers. Mais nous devrons également poursuivre les efforts communs contre le tabagisme et encourager la vaccination contre les virus cancérigènes qui protègent des cancers de l’utérus et de la gorge.
Nous avons également besoin de l’échelle européenne pour les maladies rares, (et il existe de nombreux cancers rares, par exemple ceux de l’enfant, et certains cancers du sein). Il faut renforcer les réseaux d’experts, permettant le partage de compétences et d’informations scientifiques et l’établissement de recommandations de bonnes pratiques communes.
L’organisation des systèmes de soins est une prérogative des Etats membres, mais nous aurons besoin de l’Union pour améliorer l’équité d’accès aux molécules innovantes : système d’évaluation harmonisé, organisation commune contre les pénuries, négociations plus concertées sur le prix des médicaments.
Enfin et surtout, nous avons besoin de l’échelle internationale et donc européenne, pour financer et fédérer les efforts sur la recherche, dans toutes ses dimensions : biologie, intelligence artificielle, sociologie…
- Pourra-t-on un jour vivre dans une Europe sans cancer ?
Il faut sans doute se fixer des objectifs plus réalistes : nous avons les capacités de réduire significativement l’incidence des cancers par le changement de nos modes de vie, d’optimiser l’accès à des traitements efficaces et validés, et d’établir des recommandations pour améliorer, après la guérison, le retour à une vie affective, professionnelle et sociale la plus normale possible.
Surtout, notre objectif principal doit être de tendre vers la réduction des inégalités considérables qui existent d’une région d’Europe à l’autre, et qui sont inacceptables. Les progrès ne se feront pas en un jour, l’éradication totale d’une maladie aussi complexe n’est sans doute pas d’actualité, mais la dynamique est lancée et la volonté européenne est réelle. Oui, je suis optimiste.
(site d'EM)