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Sanna MARIN

Sanna MARIN

À 34 ans, Sanna Marin devient la plus jeune cheffe de gouvernement de l'histoire de la FiNLANDE

Portrait.-

En pleine crise politique depuis plusieurs semaines, la Finlande vient d’élire la plus jeune chef du gouvernement de son histoire. Il s’agit de l’ex-ministre des Transports Sanna Marin, visage d’une génération qui veut agir vite et bien.

Une femme à la tête de la Finlande. Les sociaux-démocrates du pays ont élu, ce dimanche 8 décembre, le plus jeune premier ministre de l'histoire de leur pays. Il s’agit de l’ex-ministre des Transports, Sanna Marin. À 34 ans, celle-ci devient la plus jeune chef de gouvernement de l’histoire du pays, mais aussi la benjamine au sein de l’Union européenne.

Née à Helsinki le 16 novembre 1985, Sanna Marin a connu une ascension éclair au sein de la classe politique finlandaise. «Si j’ai rejoint la politique, c’est parce que je veux influencer la façon dont la société perçoit ses citoyens et leurs droits», confie-t-elle sur son site personnel. Alors, dès 2012, après des études en sciences de l’administration, la jeune diplômée se porte candidate aux élections municipales de Tampere, deuxième grande ville du pays après Helsinki. Élue, Sanna Marin intègre le conseil municipal de la ville industrielle coincée entre les lacs Näsijärvi et Pyhäjärvi, dans le sud-ouest du pays. La brune aux yeux bleus a alors 27 ans. L’année suivante, elle en prend la présidence et ce jusqu’en 2017. En parallèle, Sanna Marin prend du galon au sein du parti social-démocrate (SDP) et devient, dès 2015, députée au parlement. Sa circonscription ? Toujours celle de Pirkanmaa, la région de Tampere.

Visage d’une nouvelle génération connectée, Sanna Marin maîtrise à la perfection sa communication via les réseaux sociaux. Sur Twitter comme sur Instagram, elle partage avec ses abonnés son quotidien : qu’il s’agisse de rencontres officielles, de ses vacances en Italie ou simplement d’une barbe à papa dégustée dans un parc d’attractions.

Avec la transparence pour maître-mot, elle divulgue tout sur Instagram. À commencer par sa grossesse qu’elle met en avant au fil des mois. C’est d’ailleurs par un tweet que la députée a annoncé la naissance de sa fille Emma, son premier enfant avec l’ancien footballeur professionnel Markus Räikkönen. «Le miracle de notre vie est né ce dimanche», avait-elle écrit, le 31 janvier 2018. Un miracle qui s’invite aujourd’hui parfois aux réunions de travail.

Sanna Marin clame haut et fort les engagements qui lui tiennent à cœur, parmi lesquels la défense de l’environnement. «Le changement climatique et la perte de biodiversité comptent parmi les plus gros problèmes de notre époque. Pour y faire face, il faut une volonté politique forte», assure-t-elle. À son échelle de citoyenne, elle-même tente de changer la donne. Lors de son mariage, la Finlandaise avait opté pour une robe en satin conçue dans des matières éthiques.

Un autre sujet anime la nouvelle chef du gouvernement finlandais : l’égalité et la cause LGBTQ+. Ce dernier combat est loin d’être anodin puisque Sanna Marin a grandi auprès de parents homosexuels, comme l'indique le journal Tamperlainen. Depuis, elle n’a de cesse de défendre leurs droits.

Désormais chef de gouvernement, Sanna Marin prend ses fonctions dans un contexte de crise politique. En cause : le projet de la Poste finlandaise d'adopter pour ses 700 salariés une nouvelle convention collective moins favorable que la précédente. Après avoir perdu la confiance du Centre (l’un des cinq partis de la coalition de centre gauche au pouvoir en Finlande), le premier ministre social-démocrate finlandais Antti Rinne s’est vu contraint de démissionner mardi 3 décembre. En poste depuis début juin, il a échoué dans la gestion de la grève, aux yeux de beaucoup.

Sanna Marin aura-t-elle les épaules assez solides pour rectifier le tir ? La première ministre a d’ores et déjà donné le ton. «Nous avons beaucoup de travail à faire pour rétablir la confiance», a-t-elle déclaré à la presse, après l’annonce de sa nomination. Avant d’écarter les questions liées à son âge : «Je n'ai jamais pensé à mon âge ou à mon genre, je pense aux raisons pour lesquelles je me suis engagée en politique et ces choses grâce auxquelles nous avons gagné la confiance de l'électorat.» En attendant, la nouvelle première ministre devrait prêter serment devant le Parlement, ce mardi 10 décembre.
(Figaro-Madame Ségolène Forgar 09 décembre 2019)

Une fois obtenu le soutien du Parlement finlandais – ce qui n’est qu’une formalité – mardi 10 décembre, Sanna Marin deviendra la plus jeune chef du gouvernement de l’histoire de son pays, et même de la planète. A 34 ans, elle succédera au président du Parti social-démocrate (SDP) Antti Rinne à la tête d’un gouvernement de coalition composé de son parti et de quatre autres formations, toutes dirigées par des femmes, dont trois ont entre 32 et 34 ans.Dans le paysage politique finlandais, Sanna Marin est loin d’être une inconnue. En 2014, la jeune femme avait été élue vice-présidente du SDP. En début d’année, elle a remplacé Antti Rinne, pendant près de deux mois, à la tête du parti. En vacances en Espagne à Noël, il avait dû subir une lourde opération à la suite d’une pneumonie, puis il avait prolongé son absence après une infection nosocomiale.A quelques mois des législatives, Sanna Marin a été chargée de conduire la campagne électorale du SDP, ce qu’elle a fait avec succès. Le 14 avril, elle a été réélue au Parlement avec près de 20 000 voix, soit le score le plus élevé pour un candidat social-démocrate. Début juin, Antti Rinne l’a nommée au ministère des transports et de la communication, au sein du gouvernement le plus féminin du monde, avec douze femmes et huit hommes.

Mardi 3 décembre, menacé d’un vote de défiance par l’opposition et son allié centriste, le premier ministre a démissionné. Son départ est survenu à la suite d’une grève dans le secteur postal, pendant laquelle l’ancien leader syndical a pris position en faveur des employés, s’attirant les foudres de la droite. Finalement, M. Rinne a jugé que seule sa démission pouvait garantir l’avenir de la coalition gouvernementale.

Deux candidats se sont présentés pour lui succéder : Antti Lindtman, 37 ans, le président du groupe des députés sociaux-démocrates au Parlement, appartenant à la frange droite du parti, et Sanna Marin, plus à gauche, favorite d’Antti Rinne. Dimanche 8 décembre, c’est elle que la direction du SDP a désignée, à 32 voix contre 29.

La jeune femme a fait une carrière fulgurante au sein de son parti. Engagée dans son mouvement de jeunesse en 2006, elle se présente deux ans plus tard aux élections municipales, à Tampere, la troisième ville du pays. Ce sera le seul échec dans son parcours sans faute. En 2012, elle retente sa chance et décroche un siège au conseil municipal. Un an plus tard, elle en prend la direction, avant d’être élue à la vice-présidence du SDP en 2014, puis députée en 2015.
(Le Monde 09/12/2012)

Sanna Marin, 34 ans, est la troisième Première ministre de l'histoire de la Finlande. Issue d'une famille modeste, homoparentale, cette jeune mère incarne la génération montante des femmes politiques dans ce pays mené par une coalition de cinq partis, tous dirigés par des femmes.

Pour tenter de sortir d'une crise politique qui la mine depuis plusieurs semaines, la Finlande vient d’élire la plus jeune cheffe du gouvernement de son histoire. Née le 16 novembre 1985, Sanna Marin, était la ministre des Transports du gouvernement sortant. Au poste de maire de Tampere, la seconde ville du pays, où elle a également fait ses études, elle s'est forgée une réputation de dirigeante à poigne, sans langue de bois. Elle a grandi, au sein d'une famille "arc-en-ciel" - élevée par sa mère et la compagne de celle-ci - qui a, dit-elle : "modifié ma vision de l'égalité des sexes, de l'égalité en général et des droits humains".

Il n'a été possible de parler assez librement des familles arc-en-ciel que dans les années 2000. Sanna Marin, Première ministre de Finlande

Dans une interview accordée en 2015 à l'hebdomadaire finlandais Me Naiset ("Nous les femmes"), elle racontait qu'enfant, elle se sentait "invisible", faute de pouvoir s'ouvrir aux autres de sa différence : "C'était une chose dont on ne parlait pas. Il n'a été possible de parler assez librement des familles arc-en-ciel que dans les années 2000", explique-t-elle.

Je n'aurais pas pu m'en sortir et avancer sans l'Etat-providence et le système éducatif solide que nous avons en Finlande.

Sanna Marin elle-même est un pur produit du Parti social-démocrate de Finlande, le SDP, qui s'est construit sur les luttes ouvrières pendant la révolution industrielle. Ses origines modestes ont contribué à définir son engagement politique. "Je viens d'une famille pauvre, et je n'aurais pas pu m'en sortir et avancer sans l'Etat-providence et le système éducatif solide que nous avons en Finlande", explique-t-elle.

Incarnation des valeurs du SDP

En avril 2019, le SDP remporte des élections législatives devant Les vrais Finlandais (extrême droite), promettant de mettre fin à des années d'austérité pour sortir la Finlande de la récession. D'aucuns y ont vu la victoire de l'ouverture sur le repli sur soi, des valeurs de tolérance sur la tentation du rejet, mais les sondages montrent depuis que le SDP a perdu en popularité tandis que la formation anti-immigration et climato-sceptique, elle, prospère.

Ce dimanche 8 décembre, Sanna Marin a été désignée à 32 voix contre 29 pour succéder à son prédécesseur à la tête du du Parti social-démocrate. Antti Rinne avait démissionné quelques jours plus tôt, ayant perdu la confiance du parti lors de sa gestion d'une grève de la Poste contre la baisse des salaires. Si Sanna Marin ne prendra les rênes du SDP qu'à l'issue du congrès de la formation en 2020, c'est elle qui, d'ores et déjà, est à la manoeuvre.

"La Finlande a un nouveau gouvernement ! Le gouvernement est dirigé par la plus jeune première ministre de l'histoire finlandaise, Sanna Marin, 34 ans ! Félicitations au gouvernement Marinin et à l'ambitieuse politique climatique !"

Une ascension à tout petit pas

Pourtant, rien ne la prédestinait à occuper la plus haute fonction du pays. Sa mère a grandi dans un orphelinat, ses parents ont fini par divorcer à cause des problèmes d’alcool de son père. Collégienne moyenne, elle rattrape doucement le niveau au lycée. Première de sa famille à faire des études supérieures, elle décroche ensuite un Master en sciences de l'administration à l’université de Tampere, la ville industrielle dont elle est originaire.

Sur le plan politique aussi, les débuts sont poussifs. Vice-présidente de la jeunesse sociale-démocrate, elle échoue à se faire élire au Parlement en 2011 - elle n’a alors que 25 ans. Puis c’est l’ascension : élue au conseil municipal de Tampere, elle le préside à partir de 2013. Elle est élue députée en 2015 avec l’un des meilleurs scores du pays. Réélue haut la main en 2019, elle devient ministre des Transports et des Communications en juin 2019.

Sanna Marin aime l'ordre, que chaque chose soit à sa place, tant en politique que dans sa vie privée. "C'est toujours très bien rangé à la maison", confie-t-elle au quotidien Helsingin Sanomat. De la même manière, "le gouvernement a son rôle à jouer, les organisations syndicales le leur".

Maman d'une petite Emma de deux ans, Sanna Marin a fait savoir que sa famille avait pris ses dispositions pour lui permettre d'assumer ses fonctions : "Comme la situation est venue soudainement, j'ai été rassurée de recevoir un texto de mon mari (l’ancien footballeur professionnel Markus Räikkönen, ndlr) me disant que lui et ma mère s'étaient déjà arrangés".

La Finlande : pionnière de l'égalité des sexes

Sanna Marin incarne la génération montante de femmes politiques dans une Finlande pionnière et championne de l'égalité entre les sexes. Troisième Première ministre de la république, la trentenaire n'avance pas en terrain inconnu dans ce pays qui a déjà élu une femme à la présidence - Tarja Halonen, entre 2000-2012 - et fut le premier en Europe à accorder aux femmes le plein exercice de leurs droits politiques, dont le droit de vote, en 1906.

A l'issue de l'ascension fulgurante de Sanna Marin, chacun des cinq partis représentés au gouvernement est dirigé par une femme, dont quatre ont moins de 35 ans. Du jamais vu, même en Finlande.

La trentaine, femme, d'origine modeste : et alors ?

A l'issue du scrutin, Sanna Marin a balayé les questions ciblées sur son genre ou son âge d'un revers de main : "Je n'ai jamais pensé à mon âge ou à mon genre, je pense aux raisons pour lesquelles je me suis engagée en politique et à ces choses grâce auxquelles nous avons gagné la confiance de l'électorat".

Mais ...

Reste que, sur les médias sociaux, sa désignation a déclenché une salve d'attaques tous azimuts. Traitée d'arriviste et de parvenue parce qu'elle vient d'un milieu plutôt défavorisé, elle essuie une pluie de critiques sur son jeune âge : "Pffff, pas une bonne idée de mettre des jeunes au pouvoir ! Il faut des vieux, des sages, des patriarches (des matriarches)... Pas de jeunes arrivistes, de jeunes parvenus..." lit-on sur le compte Facebook du quotidien Le Monde. Sur ce même compte, d'autres commentaires, ouvertement sexistes, comme "C'est bien la première fois que je suis chaud pour me faire un premier ministre," font écho à tous les "En plus elles (les 5 femmes de la coalition, ndlr) sont bonnes".
Sur la page Facebook de Brut, les internautes commentent de plus belle : "34 ans ? Whaou, on dirait qu'elle a 20 ans....Faut que j'aille faire un tour en Finlande !" ou encore "Tellement mignonne", "Vé la pitchoune !" D'autres lancent de pernicieuses questions : "Elle est efficace ? Non parce que si c’est juste pour mettre une femme pour faire plaisir..." ou "Et son père, qui est-il ?" Ce à quoi il se voit répondre : "Ben je croyais qu'un enfant élevé par deux parents du même sexe était forcément synonyme d'échec pour son futur... Ca se voit !"

En commentaire à la publication du Courrier International sur Facebook, un internaute se demande si un homme de cet âge-là aurait eu une chance d'être désigné Premier ministre, tandis qu'un autre, plus crument, écrit "Lorsqu'elles passent au pouvoir elles ne donnent des postes stratégiques qu'aux femmes elles aussi". Que dire des hommes qui font la même chose depuis la nuit des temps... Sur ce même compte, un internaute rappelle que les femmes vikings avaient les mêmes droits et prérogatives que les hommes, tandis que Pekka, un Finlandais qui vit à Paris fait remarquer que, en finnois, le pronom personnel ne fait pas la différence entre le féminin et le masculin. De là à penser que les mentalités ne la font pas non plus...

Benjamine des dirigeants du monde

Sanna Marin vient d'être officiellement nommée par le président ce mardi, avant un vote au Parlement qu'elle est assurée d'emporter. Agée d'un an de moins que le Premier ministre ukrainien Oleksiï Gontcharouk, elle devient la deuxième femme cheffe d'Etat trentenaire dans le monde, avec la Néo-Zélandaise, Jacinda Ardern, investie Première ministre à 37 ans, en 2017. Elle vient rejoindre la douzaine de dirigeants de moins de 40 ans, mais sur les photos de famille des dirigeants en exercice, l'ex-chancellier autrichien Sebastian Kurz, 33 ans, pourrait lui ravir la place de benjamine dans les semaines qui viennent à l'issue des négociations entre son parti conservateur ÖVP et les Verts.
10.12.2019 par Terriennes Liliane Charrier

En Finlande, les femmes prennent le pouvoir

Avec la nomination de cinq femmes à des postes clés de son gouvernement, le pays montre la voie à l'Europe. Où les progrès en matière de représentation féminine dans l'exécutif sont moins significatifs.

À l'échelle de la planète, c'est du jamais vu. Depuis le 10 décembre, la Finlande, vaste pays peuplé de seulement 5,5 millions d'habitants, est dirigée par une coalition de cinq partis. Avec à leur tête cinq femmes. Dont quatre sont âgées de moins de 35 ans.

L'une est ministre de l'Intérieur, une autre de la Justice, une troisième de l’Éducation. Et au sommet du gouvernement, une quatrième, Sanna Marin. Âgée de 34 ans, la présidente des sociaux-démocrates est désormais la plus jeune Première ministre au monde.

Un gouvernement qui, sur dix-neuf membres, compte douze femmes. Sur les cinq pays d'Europe du Nord, deux autres sont également dirigés par une jeune femme : Mette Frederiksen (42 ans) au Danemark et Katrín Jakobsdóttir (43 ans) en Islande.

Faut-il y voir une coïncidence ? "Les pays nordiques ont une culture et une tradition d'équité entre les genres bien plus ancrées que les autres pays européens, explique Kjølv Egeland, chercheur à Sciences Po. Les femmes ont pu y voter bien avant la France. Qu'une femme dirige le pays semble donc normal à la plupart des gens. Alors qu'en France, une puissance nucléaire, militaire, le pouvoir se conjugue plus, dans l'esprit de tous, au masculin."

Par Alexandre Duyck
Publié le 17/02/2020 Marie Claire, en ligne