Nos grandes Européennes
Ursula von der Leyen

Ursula von der Leyen

Née Albrecht, le 8 octobre 1958 à Ixelles (Belgique),elle passe son enfance en Belgique, où elle fréquente l'École européenne dès 1964, ce qui lui vaut d'être bilingue allemand et français. Elle s’exprime en outre couramment en anglais, notamment pour avoir vécu pendant au total cinq années au Royaume-Uni et aux États-Unis. Elle passe par ailleurs pour une éminente cavalière et a été active dans le sport équestre de compétition.

En 1976, elle obtient un Abitur en mathématiques et sciences. Elle étudie les sciences économiques aux universités de Göttingen et de Münster entre 1977 et 1980. Pendant plusieurs années, elle fréquente la London School of Economics (LSE) sous un nom d'emprunt, du fait de la notoriété de son père en pleine période de montée des groupes terroristes d'extrême gauche en Allemagne de l'Ouest, comme la Fraction armée rouge. Elle sort diplômée de la LSE en 1978.

À partir de 1980, elle entreprend des études de médecine à l'université Gottfried Wilhelm Leibniz de Hanovre, qui durent sept ans. À l'issue de ce cursus, elle défend sa thèse et devient docteure en 1991. Elle quitte l’Allemagne l'année suivante pour passer quatre ans à l’université Stanford où elle suit des cours d’économie.

Le 27 septembre 2015, le site internet anti-plagiat VroniPlag Wiki déclare avoir trouvé des « passages avec du plagiat » dans 27 pages de la thèse de doctorat d'Ursula von der Leyen. Elle rejette ces allégations et demande qu'un comité indépendant mène une enquête sur ces allégations Après avoir effectué une vérification préliminaire, l'université ouvre une procédure formelle d'examen; néanmoins, en mars 2016, à la suite d’une enquête universitaire, il est décidé de ne pas lui retirer son titre de docteur. De nombreux experts comme les professeurs de droit Volker Rieble et Gerhard Dannemann se montrent en désaccord avec cette décision.

En octobre 2015, un représentant de l'université Stanford critique von der Leyen pour avoir indiqué sur son CV qu'elle a participé à des activités universitaires sans avoir reçu des crédits scolaires pour celles-ci. Par la suite, la presse rend public qu'elle prétendait avoir fréquenté l'université Stanford en tant « qu'auditrice invitée », alors que ce poste n'existe pas.

Membre de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), elle est ministre fédérale entre 2005 et 2019 et présidente de la Commission européenne depuis 2019.

À la suite de la victoire de Christian Wulff aux élections régionales de 2003 en Basse-Saxe, elle devient ministre de la Famille du Land. Elle est choisie deux ans plus tard par Angela Merkel pour occuper le ministère fédéral de la Famille dans sa première grande coalition. Proche de la chancelière, elle mène une politique familiale jugée aux antipodes des positions de son parti en favorisant notamment le développement des crèches et en instituant un salaire parental.

Reconduite en octobre 2009, elle est nommée ministre fédérale du Travail un mois plus tard, du fait de la démission de Franz Josef Jung. À la suite de la démission du président fédéral Horst Köhler le 31 mai 2010, elle est perçue comme favorite pour lui succéder, mais c'est finalement Wulff qui est choisi par la coalition au pouvoir.

Elle devient ministre fédérale de la Défense en décembre 2013, étant la première femme à occuper ce poste. Sa désignation à ce poste régalien puis sa reconduction en mars 2018 en font alors l'une des potentielles successeures de la chancelière Merkel.

En juillet 2019, elle est élue présidente de la <strong avec une majorité de 9 voix. Elle démissionne alors du gouvernement allemand et prend ses fonctions le 1er décembre suivant, devenant la première femme à exercer cette fonction.

Ursula von der Leyen, une proche de Merkel à la tête de la Commission européenne

Par Nelly Didelot — 2 juillet 2019 à 20:44 Libération

Ministre de la Défense allemande depuis 2013 et figure de l'aile modérée de la CDU, elle sera la première femme à diriger l'institution. Sa candidature, proposée par Emmanuel Macron, a reçu l'aval des chefs d'Etat et de gouvernement.

Angela Merkel aura finalement réussi à placer une compatriote, et même une de ses proches, à la présidence de la Commission européenne. A 60 ans, Ursula von der Leyen va devenir la première femme à prendre la tête de «l’exécutif européen». Membre de la CDU, elle est ministre de la Défense depuis 2013, après un passage à la tête du ministère de la Famille, puis du Travail et des Affaires sociales. Ursula vont der Leyen est d’ailleurs la seule ministre allemande en exercice depuis 2005, date d’arrivée au pouvoir d’Angela Merkel. Elle n’a pourtant jamais hésité à afficher des positions en contradiction avec celles de la chancelière, comme l’instauration d’un salaire minimum interprofessionnel ou de quotas féminins pour les postes de direction, qui en ont fait une figure de l’aile modérée du parti. Après qu’elle a présenté, en 2010, sa candidature à la présidence allemande – un poste prestigieux mais essentiellement honorifique –, les commentateurs politiques en avaient même fait une dauphine potentielle d’Angela Merkel.

Comme ministre de la Défense, elle pousse en faveur d’un plus grand engagement des armées allemandes à l’étranger – ce qui rompt avec la tradition instaurée à la sortie de la Seconde Guerre mondiale – et pour un renforcement de la défense européenne. Mais sa gestion des effectifs et du matériel sont à plusieurs reprises épinglés par des rapports, qui font état de sous-marins en panne, d’avions cloués au sol et d’un manque criant de personnel. A l’échelle européenne, son poste lui a surtout permis de se faire connaître tout en restant à l’écart des remous créés par la gestion des migrations ou le respect de l’Etat de droit qui ont agité le travail de la Commission sortante, et lui a donc évité de se faire des ennemis parmi les dirigeants du groupe de Visegrád (la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie), qui ont appuyé sa candidature. Et sa bonne coopération avec Paris, sur les questions de défense franco-allemande, a conduit Emmanuel Macron à proposer lundi sa candidature pour la présidence de la Commission, après que Frans Timmermans, la tête de file des sociaux-démocrates, a été écarté.

Parfaitement francophone, elle connaît bien Bruxelles après y avoir grandi, quand son père y était en poste, comme… commissaire européen, avant de devenir ministre-président de Basse-Saxe. Après des études de médecine et d’économie couronnées de succès, la fille de bonne famille se lance en politique pour suivre les traces de son père, figure du parti conservateur. En 2001, elle entre au Parlement de Basse-Saxe et grimpe vite les échelons en devenant ministre de la Famille du Land en 2003, tout en continuant à élever ses sept enfants. Depuis son entrée au gouvernement fédéral, elle n’a pas hésité à se mettre scène dans les médias, en multipliant ses participations aux émissions de télé et en posant pour les photographes avec toute sa famille, poney et chèvre compris, devant la maison familiale.Très europhile, elle s’est prononcée à plusieurs reprises en faveur «d’Etats-Unis d’Europe». En 2015, elle précisait ses rêves fédéralistes auprès de Die Zeit : «Je n’imagine pas l’Europe de mes enfants ou de mes petits-enfants comme une union libre d’Etats pris au piège des intérêts nationaux.»

Après avoir reçu l’accord les chefs d’Etat et de gouvernement, sa nomination doit désormais être validée par le Parlement dans la semaine du 15 juillet. Les Verts et les sociaux-démocrates se sont déjà élevés contre la candidature d’Ursula vont der Leyen, qui déroge au principe des têtes de liste, désignées par chaque parti avant les élections européennes pour être candidates au poste de président de la Commission.
( Nelly Didelot — 2 juillet 2019 à 20:44 Libération )

Pendant des années, Ursula von der Leyen fut considérée comme une prétendante sérieuse à la succession d’Angela Merkel. Mais ces derniers temps, cette hypothèse n’était plus évoquée en Allemagne, où ses difficultés au ministère de la défense lui ont coûté très cher politiquement. Du moins à Berlin, car c’est là le paradoxe : si elles lui ont peut-être définitivement barré l’accès à la chancellerie, ses six années à la tête de ce ministère ont, en revanche, donné le temps à Ursula von der Leyen de tisser les réseaux diplomatiques qui lui ont permis d’être nommée, mardi 2 juillet, présidente de la Commission européenne.

Et si le Parlement européen donne son feu vert, elle serait la première femme à occuper ce poste qui n’a été, jusqu’ici, qu’une seule fois dans les mains d’un Allemand, Walter Hallstein, de 1958 à 1967. Pour Ursula von der Leyen, cette nomination inattendue met un terme à quatorze années passées au sein du gouvernement allemand, où elle a été chargée successivement de la famille (2005-2009), du travail (2009-2013) et de la défense (depuis 2013). Une longévité sans équivalent : de tous les ministres d’Angela Merkel, cette femme énergique, aujourd’hui âgée de 60 ans, est la seule qui a siégé dans tous les gouvernements dirigés par la chancelière depuis l’arrivée au pouvoir de cette dernière en 2005.

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Membre de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), Ursula von der Leyen a souvent été en porte-à-faux avec son parti, notamment sur les sujets de société, où cette mère de sept enfants à l’allure sévère s’est plus d’une fois retrouvée plus proche de la gauche que de sa propre famille politique.

« Etats-Unis d’Europe »

Ce fut le cas en 2007, lorsqu’elle fit voter une loi sur le congé parental et décida de multiplier le nombre de places en crèches, au grand dam de l’aile conservatrice de la CDU. En 2011, quand elle fut l’une des rares, dans sa formation politique, à réclamer l’instauration d’un salaire minimum et qu’elle voulut imposer des quotas de femmes au sein de la direction des grandes entreprises, contre l’avis de la chancelière et du patronat. Ou encore en 2017, quand elle fit partie des 75 députés de la CDU (sur 300) qui votèrent en faveur de la loi sur le mariage pour tous.

A la défense, le ministère qu’elle aura dirigé le plus longtemps, son bilan est contrasté. Malgré la ténacité dont elle a fait preuve pour obtenir de fortes hausses budgétaires (+ 40 % en six ans), l’armée allemande reste dramatiquement sous-équipée et dans un état de vétusté préoccupant, comme l’a rappelé, en janvier, le rapport annuel sur la situation de la Bundeswehr. Un document où l’on apprend notamment que la moitié des avions de chasse seulement étaient en état de marche et qu’aucun des six sous-marins n’était opérationnel.

Il n’empêche. Si les efforts de modernisation n’ont pas été à la hauteur des promesses, Ursula von der Leyen aura contribué à faire évoluer le rapport de l’Allemagne à ses « responsabilités » diplomatiques et militaires à l’occasion de différents discours. Comme celui qu’elle prononça le 31 janvier 2014 dans le cadre de la Conférence de Munich pour la sécurité, où elle déclara que « l’indifférence n’[était] pas une option pour l’Allemagne ». Un appel à un plus grand « engagement » de son pays devant s’articuler, selon elle, avec la mise en place d’une « armée européenne » – elle qui s’est dite plusieurs fois convaincue que « peut-être pas ses enfants, mais ses petits-enfants, verraient un jour les Etats-Unis d’Europe ».

Ministre la plus impopulaire du gouvernement allemand

C’est cependant pour sa gestion de certaines crises que Ursula von der Leyen a été le plus durement mise en cause. Critiquée pour avoir tardé à réagir après les révélations de plusieurs cas de harcèlement dans des casernes, elle a aussi été fragilisée par la vive polémique qu’elle a déclenchée, en 2017, en dénonçant un problème général de « comportement » et de « commandement » dans la Bundeswehr après l’arrestation d’un lieutenant d’extrême droite soupçonné de préparer des attentats. Ses propos ont profondément altéré ses relations avec les militaires, qui lui ont reproché de se défausser sur eux.

A cela s’ajoutent les recrutements de consultants externes sans appel d’offres par le ministère de la défense, à l’origine de plusieurs dizaines de millions d’euros de contrats. Une affaire qui fait l’objet d’une commission d’enquête parlementaire et qui a contribué à faire chuter la cote de Ursula von der Leyen dans les sondages, ministre la plus impopulaire du gouvernement, selon le dernier baromètre du Spiegel paru début mai. Une affaire dont elle espère qu’elle sortira sans trop de discrédit, comme cela avait été le cas en 2016, quand la faculté de médecine de Hanovre avait décidé que les quelques passages assimilables à du plagiat dans sa thèse n’étaient pas de nature à lui retirer le titre de docteur.

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Francophone et francophile, Ursula von der Leyen, qui parle aussi parfaitement l’anglais pour avoir vécu en Californie où son mari enseigna la médecine à l’université de Stanford, dans les années 1990, ne sera pas en terrain étranger à Bruxelles. C’est en effet dans cette ville qu’elle est née, en 1958, puis qu’elle a passé les treize premières années de sa vie. Une période pendant laquelle son père, Ernst Albrecht, futur ministre-président (CDU) de Basse-Saxe (1976-1990), fut notamment chef de cabinet à la Commission européenne. Thomas Wieder (Berlin, correspondant)