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ZUZANA CAPUTOVA

ZUZANA CAPUTOVA


"Il est possible de ne pas céder au populisme ... Cherchons ce qui nous unit, plaçons la coopération au dessus des intérêts personnels"

ainsi a-t-elle commenté sa victoire.

Zuzana Čaputová a été élue,samedi 30 mars, présidente de la Slovaquie avec 58,38 % des voix.

Son rival Maros Sefcovic, commissaire européen chargé de l'Union énergétique, soutenu par le pouvoir actuel, est crédité de 41,61% des voix.

Au premier tour, le 16 mars, elle était arrivée en tête, avec 40% des suffrages.

Cette avocate, qui a mené des luttes environnementales par le passé, dit vouloir s’attaquer à la corruption, un des maux endémiques du pays :

"Pour moi, cette élection a prouvé que l'on peut gagner sans attaquer ses adversaires et je crois que cette tendance se confirmera lors des élections au Parlement européen et des législatives slovaques l'année prochaine ...il est possible de ne pas céder au populisme (et de) gagner la confiance des gens sans recourir à un vocabulaire agressif et aux attaques personnelles".

Son rival a reconnu sa défaite. "Je viens d'appeler Mme Caputova pour la féliciter de sa victoire. Je lui envoie un bouquet de fleurs parce que la première femme présidente de laSlovaquiemérite un bouquet", a déclaré Maros Sefcovic. sic ...gif-fleurs-XGxK0lzNKL.gif

Pour le président sortant Andrej Kiska, "de nombreux pays nous envient probablement d'avoir choisi un président qui symbolise des valeurs telles que la décence". "LaSlovaquieest en crise morale et a besoin d'un président comme Zuzana Caputova"*

Le Premier ministre Peter Pellegrini espère "une coopération constructive" avec la nouvelle cheffe de l'Etat.

Les engagements de la candidate incluent la protection de l'environnement, le soutien aux personnes âgées et une réforme de la justice qui priverait "les procureurs et la police de toute influence politique".

Le président slovaque ne gouverne pas, mais il ratifie les traités internationaux et nomme les plus hauts magistrats. Il est aussi le commandant en chef des forces armées et dispose du droit de veto.

La large victoire de Zuzana Caputova peut s'expliquer, selon les experts, par une vague de mécontentement populaire face au pouvoir en place après l'assassinat du journaliste d'investigation Jan Kuciak et de sa fiancée l'an dernier. Le journaliste s'apprêtait à publier un article sur les liens présumés entre des hommes politiques slovaques et la mafia italienne.

La juriste de 45 ans avait participé à l'époque, avec des milliers des Slovaques, à des manifestations d'une ampleur inédite qui ont entraîné la démission du Premier ministre Robert Fico. Jusqu'à présent, cinq personnes ont été interpellées, dont le commanditaire présumé du meurtre - un multimillionnaire qui entretiendrait des liens avec Smer-SD, le parti au pouvoir.

Jeudi, le Parlement européen a appelé laSlovaquieà poursuivre l'enquête "y compris sur toutes les connexions politiques possibles". Les députés européens se sont déclarés "préoccupés par les présomptions de corruption, de conflits d'intérêts, d'impunité (...) dans les cercles du pouvoir slovaque".

(avec l' AFP)

Les analystes comparent Zuzana Caputova au président français Emmanuel Macron, un outsider arrivé au pouvoir en 2017 avec un programme réformiste. "Une histoire similaire s'est déroulée à la dernière élection présidentielle en France, où le représentant d'une nouvelle tendance politique et un nouveau mouvement politique ont triomphé" lors de l'élection, a déclaré à l'AFP Aneta Vilagi.

Récemment élue à la présidence de la Slovaquie en battant une personnalité du parti au pouvoir, Zuzana Caputova, 46ans, ex-avocate connue pour sa défense des droits humains, incarne une nouvelle génération politique en Europe centrale. Après avoir rencontré ses homologues des pays voisins, elle s’est entretenue mercredi 24juillet à Paris avec le président Emmanuel Macron. Elle a répondu jeudi25 aux questions du Monde.

Après votre élection, vous avez déclaré vouloir «changer le système» en Slovaquie. Comment?

En Slovaquie, le président, bien qu’élu au suffrage universel, a certes moins de pouvoir que n’en a le vôtre, mais il dispose d’une compétence importante, outre le droit de veto et la possibilité de contester la constitutionnalité de certaines lois: celle de la nomination des magistrats, depuis les juges de première instance jusqu’au procureur général. Et le fonctionnement du système judiciaire est pour moi d’une importance capitale.

Nous sommes tous, dans les pays post-communistes, confrontés à la question de l’amélioration du fonctionnement de la justice. J’ai l’intention d’amorcer des changements dans ce domaine: j’ai la possibilité de participer à la composition du corps judiciaire et aussi de mobiliser du soutien politique pour appuyer ces changements.

Lire aussi Slovaquie: l’avocate libérale Zuzana Caputova remporte la présidentielle

A quels changements pensez-vous procéder?

D’ici un mois, il va falloir nommer un nouveau président ou une présidente de la Cour suprême. La question du Conseil des juges [équivalent du Conseil de la magistrature en France], dont la composition dépend du président de la République, va aussi se poser. En septembre, à condition que le Parlement me propose un nombre suffisant de candidats à la Cour constitutionnelle, je vais pouvoir choisir six nouveaux juges parmi eux. En2020, il s’agira de nommer un nouveau procureur général. Ce sont des postes-clés du système judiciaire.

Comment se passe votre cohabitation avec le premier ministre, Peter Pellegrini, du parti socialiste?

Nous avons une relation constructive et de respect mutuel. Nous partageons le même point de vue sur l’UE.

Vous vous définissez comme progressiste. Comment gérez-vous vos relations avec vos homologues du groupe de Visegrad - République tchèque, Hongrie, Pologne -, qui passent pour des tenants de la «démocratie illibérale»?

Plutôt bien jusqu’ici, je trouve! Ma conception du rôle de la Slovaquie au sein de l’UE est un peu différente de celle de mes trois collègues pour leur pays. Pendant la campagne électorale, je me suis prononcée sans équivoque pour l’intégration dans l’UE et l’OTAN et cette position a reçu l’adhésion des électeurs, à la présidentielle puis aux élections européennes. De nous quatre, la Slovaquie, qui est la seule à avoir adopté l’euro, est le pays le plus intégré dans l’UE

(Le Monde, 27 juillet 2019)